RECHERCHE

Axe éco-épidemiologie

Ces études ont pour objectif de mieux comprendre les facteurs intervenant dans la transmission du parasite en zone urbanisée, mieux connaître le rôle des animaux domestiques dans le risque de transmission à l’homme et ainsi améliorer la prévention de la maladie.

Monizoo - Etude sur le monitoring des Zoonoses

La collecte de fèces de carnivores sauvages et domestiques en zone rurale et péri-urbaine pendant 3 ans (2017-2020) a permis d’étudier la distribution géographique du parasite ainsi que de préciser le rôle d’autres carnivores dans la dispersion du parasite.

Légende : carte montrant la zone où la recherche s’est déroulée de 2017 à 2020: les Alliés, situé à l’Est de la France. Les points verts représentent la localisation des fèces de renard analysés mais négatif pour la recherche de E. multilocularis. Les points rouges représentent la localisation des fèces de renard analysés et positifs pour la recherche de E. multilocularis. Illustration issue de Da silva et al. 2024 Int J Parasitol.

SICAR - Suivi individuel des carnivores pour l’étude de la dispersion environnementale d’Echinococcus multilocularis

Une carte d’identité génétique pour chaque animal positif (porteur du parasite) a été obtenue pour des chiens (propriétaire identifié) et des renards en captivité (Anses).

Légende : Statut individuel pour la présence d’E. multilocularis dans les fèces (déterminé par PCR quantitative) pour chaque renard génotypé échantillonnés plusieurs fois pendant l’étude. Les points colorés représentent les clusters génétiques 1 à 3, les points vides représentent l’absence d’ADN du parasite E. multilocularis et les points pleins représentent la présence d’ADN du parasite E. multilocularis dans les échantillons fécaux analysés. Illustration issue de Da silva et al. 2024 Int J Parasitol.

Génotypage du mitogénome d'Echinococcus multilocularis

Master 2 recherche de Louis Bohard, Dr en maladies infectieuses et tropicales au CHU de Besançon : mise au point du séquençage mitochondrial complet d’Echinococcus multilocularis afin de mieux comprendre la dispersion des souches d’Echinococcus multilocularis et  de mieux identifier où le patient s’est contaminé.

Légende : Distribution des différents haplotypes d’E. multilocularis en France. Illustration issue de Bohard et al. 2023, Int J Parasitol. 

Le séquençage complet du génome mitochondrial de souches de E. multilocularis issues de lésions de patients français a permis de montrer leur répartition dans les zones historiques d’endémie (centre est de la France), mais également en dehors de celles-ci (ouest de la France).

Génotypage du mitogénome d'Echinococcus granulosus

Un travail similaire est en cours sur des souches d’E. granulosus, avec l’étude de souches issues du diagnostic moléculaire de routine. Si la grande majorité des cas d’échinococcose kystique sont des cas d’importation, quelques cas de patients français ne s’étant pas rendus en zone d’endémie (Afrique du nord, Europe de l’est) existent. Ce travail de génotype permettra d’évaluer la diversité génétique notamment d’E. granulosus sensu stricto, l’espèce cosmopolite la plus contaminante pour l’homme, mais également d’autres espèces comme E. ortleppi uniquement décrite en routine au laboratoire chez des patients français.

CARELI - Campagnol Renard Lièvre : Quel est l'impact du déclassement du renard comme "espèce susceptible d'occasionner des dégâts" sur la transmission de l'échinococcose alvéolaire?

Ces études d’éco-épidémiologie se font en liens étroits avec l’UMR Chrono-Environnement, CNRS 6249 et la zone atelier Arc-Jurassien.

Diagnostic et suivi des patients

  • Identifier des marqueurs sérologiques de viabilité parasitaire afin d’améliorer le suivi des patients et d’évaluer le risque de récidive.

Des protéines parasitaires pertinentes ont été identifiées grâce à une approche protéomique, aussi bien pour E. granulosus que pour E. multilocularis, afin de proposer de nouveaux tests sérologiques d’aide au suivi des patients.

Echinococcose alvéolaire (EA)

Légende : Chaque carré coloré représente une intensité protéique normalisée (en ligne) obtenue dans une expérience IP (en colonne) avec un gradient colorimétrique de bas (bleu) à haut (rouge). Une couleur blanche indique que les protéines n’ont pas pu être quantifiées. Trois groupes de protéines, selon leur profiles d’intensité ont été établis. Illustration issue de Valot et al. 2017 Proteomics Clin. Appl.

Les protéines ainsi mises en évidence sont en cours d’évaluation au laboratoire comme marqueurs de viabilité dans l’échinococcose alvéolaire. Notamment certaines protéines pourraient permettre un suivi en cas de test sérologique ELISA Em18 négatif au diagnostic (présentation orale SFP 2024 Angers par le Dr Coralie Barrera, ingénieure au CNR-E).

Echinococcose kystique (EK)

Légende : Expression différente d’une sélection de protéines immuno-réactives pour des patients atteints d’échinococcose kystique (CE) avec récidive (RCE) et sans récidive (NRCE) à 2 temps post chirurgie : 1 mois et 1 an. Illustration issue de Ben Salah et al. 2022 J Infect.

Ce travail collaboratif, réalisé à partir de prélèvements fournis par des équipes de chirurgie et de parasitologie de Monastir en Tunisie, a permis de montrer, sur une cohorte de cas pédiatriques, l’intérêt de 2 protéines pour prédire la survenue de récidives post-chirurgie.

Recherche de traitement alternatif

L’albendazole est la molécule phare du traitement des Echinococcoses. Cependant cette molécule est parasitostatique (limite la prolifération du parasite sans le tuer) et est associée à des effets secondaires et des interactions médicamenteuses.

Certains patients, non éligibles à une prise en charge chirurgicale, et ne supportant pas l’albendazole (cytolyse hépatique grave), peuvent être en impasse thérapeutique.

Amphotéricine B liposomale

Une étude allemande a montré que l’amphotéricine B liposomale pouvait être utilisée avec succès (Burkert et al. 2022 Pathogens). Certains patients ont également été traités par amphotéricine B liposomale au CHU de Besançon (service d’Hépatologie, Dr C Richou) (article en cours de publication).

Anticorps anti-PDL1

En collaboration avec l’équipe de Bern (Suisse) des travaux ont étudié le pouvoir antiparasitaire des anticorps anti-PDL1 (utilisé en cancérologie) sur un modèle murin d’échinococcose alvéolaire (période 2018-2020).

Légende : les souris infectées par E. multilocularis et traitées par anti-PDL1 avec une masse parasitaire amoindrie par rapport à celles sans traitement. Toutefois, l’effet des anti-PDL1 était bien inférieur à celui de l’albendazole. Illustration issue de Jebbawi et al. 2021 Parasite Immunol.

Légende : les taux de PD-L1 chez des patients opérés aveint également tendance à diminuer après la chirurgie, illustrant l’implication de cette voie immunologique dans la maladie. Illustration issue de Bellanger et al. 2021 Parasite Immunol.